Cette attestation m’est indispensable pour régler des affaires d’intérêts. M. Bouton en ce moment à l’étranger, a emporté avec lui nos papiers de famille parmi lesquels la copie de notre contrat ».
Bref, Dame Bouton et ses enfants résideront donc à Honfleur au moins jusqu’en 1872 mais d’après certaines informations, la situation matérielle de la famille se détériorera après le départ du photographe.
On quittera la Rue Bosquet pour un logement plus modeste dans la Charrière Saint Léonard.
Anne Bouton figure dans les fiches de recensement de Honfleur en 1872 où elle déclare exercer la profession de femme de ménage, alors que selon d’autres sources, elle était professeur de piano pour les uns et institutrice pour les autres.
L’une de ses filles, Eugènie Ernestine, future épouse de Trépardoux, sera bien, elle, institutrice d’où peut être la confusion de certains auteurs.
Avant qu’elle ne se retrouve dans une situation difficile, c’est chez elle qu’Alfred Satie aurait rencontré, en 1865, une jeune anglaise qui y faisait des gammes ou qui perfectionnait son français. Elle deviendra Madame Satie et sera la mère de notre fameux musicien Erik Satie…
Curieuse famille dont les membres naissent, divorcent et décèdent à Paris mais qui vivent à Honfleur pendant plus de vingt-cinq ans.
Georges Thadée et ses sœurs feront leurs études à Honfleur. L’héritier de la famille, Georges Thadée, fréquentera le collège de la rue de l’Homme-de-Bois qu’il quittera pour entrer très jeune en apprentissage chez M. Dubourg, forgeron, serrurier, mécanicien de la marine dont l’atelier se trouvait rue de La Ville.
Arrêtons-nous un instant sur l’étrange destinée de la famille Dubourg.
Outre le fait que ce serrurier forgeron engendrera un des meilleurs peintres honfleurais, Alexandre Dubourg, compagnon des plus illustres Impressionnistes, il interviendra de façon significative dans la fabrication de la fameuse hélice de Frédéric Sauvage en 1832.
C’est, en effet, dans son atelier que sera forgée par M. Dubourg l’hélice qui équipera la barque de Sauvage pompeusement baptisée L’Industrie et qui traversera l’Estuaire sans voiles ni roues à aubes au grand ébahissement de la foule des marins honfleurais massés sur la jetée de l’Avant Port…
Trente ans après, dans les années 1860, c’est Georges Thadée Bouton qui franchira les portes de l’atelier Dubourg lequel ne savait pas qu’il allait initier à la mécanique un autre précurseur d’envergure !
Sauvage avait été l’inventeur malheureux et mal compris d’un système de propulsion révolutionnaire pour tous les navires.
Georges Thadée sera l’un des petits génies de la mécanique à l’origine, avec Trépardoux et le Marquis de Dion, de la première entreprise mondiale d’automobile de son temps…
ien entendu, ni Bouton ni Dubourg n’auront conscience de ces curieuses coïncidences.
Georges Thadée restera plusieurs années dans l’atelier Dubourg, puis gagnera Le Havre pour compléter sa formation aux Forges et Chantiers de la Méditerranée. “Le Bateau du Havre” permettait en effet des traversées faciles et bi-quotidiennes à bord de navires à aubes lesquelles seront remplacées par l’hélice de Sauvage modifiée par les Chantiers Augustin Normand quelques décades plus tard…
Après son service militaire, Georges Thadée “monte” à Paris et continue à s’initier à la mécanique et à la chaudronnerie chez Hermann La Chapelle, à Saint Denis.
Il avait élu domicile rue de Clignancourt et c’est à cette époque que sa sœur Eugènie Ernestine, la petite dernière de la famille quitta Honfleur pour rejoindre son frère, soit pour finir ses études d’institutrice, soit pour y exercer son métier. On est en 1872 et il est possible que leur mère Marie Anne Joséphine ait quitté définitivement Honfleur à la même époque pour rejoindre ses enfants. Par contre, il ne semble pas que le père, George Charles ait rejoint sa famille redevenue parisienne.