L'auteur Dominique Bougerie a beaucoup à voir avec bon nombre des personnages dont il dresse le portrait. Lui aussi appartient à cette grande famille des aventuriers honfleurais. Le natif, en 1936, de la rue Saint-Léonard a suivi une scolarité agitée. « J'étais un cancre. J'ai fait trois écoles à Honfleur puis je suis parti à Pont-Audemer et en Angleterre. » Le gamin est le désespoir de ses parents, tous deux brillants étudiants en droit et tous deux avocats. « Ma mère était l'une des premières avocates en France », dit-il tout fier encore.
À 18 ans, Dominique Bougerie rate son bac. Décision prise : il abandonne tout et entre dans la société La Honfleuraise de transit. Il est apprenti consignataire sur le port. « À l'époque, au milieu des années 1950, le port a connu un pic de trafic avec 400 000 à 500 000 tonnes par an. Je me souviens avoir vu une dizaine de bateaux dans le port. »
Dominique Bougerie poursuit l'apprentissage de son métier dans une école anglaise. Ses années passées dans des « boîtes à bac » britanniques lui ont fait un beau cadeau : un bilinguisme parfait. Par contre, il rate l'examen de sortie de l'école. Qu'importe, il prend son sac et va le poser au hasard sur la surface du globe : en Afrique du Nord, en Afrique noire, en Arabie Saoudite, en Nouvelle-Calédonie... Il travaille pour de grands consignataires jusqu'au jour où on lui propose un chèque pour partir.
« J'avais 47 ans. J'ai récupéré ma liberté. » Le consignataire passionné d'antiquités part aux États-Unis. Il fait le tour des collectionneurs, les conseille sur ce qu'il faut acheter et à qui. « Je n'avais pas de boutique. Au Japon, j'ai créé une exposition d'art nouveau. »
Voilà huit ans, foin de toute cette vie. Le bourlingueur, qui ne cache pas qu'il s'est bien amusé, décide de poser sac à terre. « Avec mon épouse, nous nous sommes installés à Frontignan. » Là, sur les rives de la Méditerranée, Dominique Bougerie a retrouvé ses souvenirs d'enfant de Honfleur, a pris la plume et raconte.