GEORGES THADÉE BOUTON (1847-1938)
ou
La vie extraordinaire
de l’éminence grise du Marquis de Dion Wandonne de Malfiance
Il y a suffisamment de personnages hors série, originaires de Honfleur, pour se dispenser de parler des personnalités qui ne furent honfleuraises que d’adoption. Cependant il est bon de déroger à la règle et d’évoquer certains d’entre eux, que le destin amena sur les rives de l’Estuaire, soit dès leur prime jeunesse, soit durant la période la plus significative de leur existence.
C’est le cas, entre autres, de Georges Thadée Bouton qui débarqua à Honfleur en 1848, âgé de quelques mois. L’avenir devait réserver à ce bambin une carrière hors du commun que rien ne pouvait laisser présager au départ. Il faut remarquer cependant, qu’il était issu d’une famille au passé riche en péripéties peu ordinaires.
Son grand père, Charles Marie Bouton, né à Paris en 1781 était un peintre de talent. Elève de David, il exposera au Salon à partir de 1810. Considéré à l’époque comme un rival d’Horace Vernet, il affectionnait comme thème de ses oeuvres, les grands ensembles architecturaux. C’est ainsi qu’il rencontra tout naturellement un autre artiste aux aspirations similaires qui était attiré par les grands décors de théâtre et de monuments religieux.
Son nom est devenu universellement connu mais la peinture ne sera pas à l’origine de sa notoriété. Il s’appelait Louis Jacques Mandé Daguerre, né à Cormeilles-en-Parisis, dans la banlieue parisienne en 1787
Les deux artistes s’associèrent et conçurent, en 1822, un spectacle inédit à Paris, le fameux Diorama qui attira les foules pendant dix-sept ans. Malheureusement un incendie, en 1839, détruisit entièrement l’immeuble du Boulevard du Temple où les deux associés avaient installé leurs tréteaux. Entre temps, devant le succès de leur entreprise, Bouton était parti à Londres pour créer un autre Diorama pour le plus grand plaisir des Londoniens dans les années 1830.
En deux mots, le Diorama était un spectacle mettant en œuvre de grandes fresques peintes sur toile qui s’animaient grâce à un jeu savant de lumières fournies essentiellement par des bougies, qui donnait l’impression de mouvement dans les paysages découverts au fur et à mesure du déplacement de la source de lumière.
“Le système appelait la collaboration de l’optique, de la peinture et surtout la technique de celle-ci. C’était en résumé, l’idée du cinéma appliquée à des tableaux proprement dits, d’un cinéma antérieur à la photographie”.
Laissant le soin à Bouton de gérer leurs affaires, Daguerre se passionnera précisément pour la photographie en s’associant au fameux Niepce dont il améliorera les découvertes.
C’est ainsi que naîtront les premières photographies, les daguerréotypes comme elles furent logiquement baptisées et qui révolutionneront le monde de l’Image…
Charles Marie Bouton avait épousé Catherine Margel qui lui donnera un fils, Georges Charles, né à Paris en 1819. Tout comme son papa, il embrassera la carrière d’artiste peintre mais ses oeuvres ne sont ni connues ni répertoriées. C’est peut-être la raison pour laquelle il décida de changer d’activité pour se lancer, lui aussi, dans la photographie.