Dans les années 1840, les découvertes de Daguerre avaient provoqué l’émergence d’une nouvelle profession qui fera très vite de nombreux adeptes, les “preneurs d’images”, autrement dit, les photographes.
Nombre d’entre eux, étaient comme Daguerre des artistes peintres reconvertis, et Georges Charles était à bonne école avec son père et l’associé de ce dernier.
C’est ainsi qu’il débarqua à Honfleur un jour de 1848 pour y installer un atelier, rue Bosquet, dans le quartier Saint Léonard. Peu après, il ouvrit un magasin plus central, sur le quai Sainte Catherine. Il sera donc amené à “tirer le portrait” de tous les Honfleurais désireux de laisser à leurs descendants un souvenir photographique à la pointe du progrès !
Il doit exister encore dans les tiroirs de certaines familles honfleuraises quelques clichés jaunis réalisés, il y a près de 150 ans, par le fils de l’associé du célèbre Daguerre.
Curieusement il n’a pas été possible jusqu’à présent, malgré des recherches assidues de trouver des informations, des anecdotes sur les activités de photographe de Georges Charles Bouton à Honfleur.
Il n’est pas connu par ailleurs comme artiste peintre, alors que, dans les années 1850, le mouvement artistique honfleurais était déjà très vivant. Dubourg, Hamelin et bien sûr Boudin, se manifestaient depuis longtemps. La Mère Toutain recevait à Saint Siméon ses premiers clients armés d’un chevalet. Malgré cela, le nom de Georges Charles Bouton ne figure pas dans la rubrique artistique honfleuraise de l’époque.
Avait-il définitivement remisé ses pinceaux en faveur de la chambre noire ? Impossible d’obtenir de réponse à
ce jour.
Charles Bréard lui même, se trompera sur le personnage dans “Vieilles Rues et Vieilles Maisons” en confondant Charles Marie avec Georges Charles, déclarant que l’associé de Daguerre s’était installé à Honfleur alors qu’il s’agissait de son fils…
Si ce photographe trop discret n’a laissé, semble-t-il, ni traces ni souvenirs marquants, il n’en est pas de même pour sa petite famille, car il n’était pas venu seul à Honfleur en 1848. Il était, en effet, accompagné de femme et enfants.
Il avait épousé, en 1845, une jeune fille de 20 ans, Marie Anne Joséphine Vattebault née à Belleville, en 1825, dont le père Augustin Vattebault était homme de lettres.
Marie Anne donnera trois enfants à son mari, lesquels virent tous le jour à Paris :
- Ernestine Marie en 1846
- Georges Thadée en 1847
- Eugènie Ernestine en 1854
Madame Bouton résidera à Honfleur au moins jusqu’en 1872 tandis que son mari regagnera la Capitale en 1855. Le père de ce dernier était mort en 1853 et son fils tentait en vain de reconstruire le Diorama, qui avait fait un triomphe mais qui avait brûlé en 1839. Malgré cet échec, il ne revint pas à Honfleur pour autant. Les époux Bouton se seraient-ils séparés à cette époque précise ?
Rien ne peut confirmer ou infirmer cette hypothèse encore que deux documents ultérieurs laissent planer quelques doutes.
En 1872, Anne Bouton née Vattebault demandera à la Mairie de Honfleur qu’on lui établisse un duplicata de son acte de mariage mais signe ce document de son nom de femme mariée.
Par contre, en 1889, trois ans avant sa mort, elle écrira ce qui suit au notaire qui avait établi son contrat de mariage avec Charles Bouton :
« Je viens réclamer de votre obligeance de vouloir me donner une attestation par laquelle vous reconnaissez avoir entre vos mains mon contrat de mariage signé en votre étude en 1845 et surtout que je suis séparée de biens.